Attac au carrefour des profiteurs de la crise
- Le 25/05/2021
- Dans Agir avec Attac
Samedi 22 mai Attac Saint-Malo – Jersey a procédé à une distribution de tracts devant le centre commercial Carrefour de La Madeleine.
Entre 10h30 et 12h ce samedi, les passants ont été sollicités par les militants et les 80 tracts distribués ont permis de faire connaître la campagne lancée par Attac pour dénoncer les profiteurs de la crise. Cette action a été l’occasion de brefs échanges sympathiques avec des citoyen.ne.s conscients des inégalités inacceptables générées par le système actuel.
Pour mémoire, rappelons “l’abandon de salaire” claironné par Alexandre Bompard, le PDG de Carrefour en 2020 - soit disant de 25% - mais qui porte en réalité sur une mince partie de sa rémunération et non sur l’intégralité. En effet, "le fixe représentait « seulement » 37,8% de son enveloppe globale (qui comprend son revenu fixe et variable mais pas les actions allouées à l’intéressé) et donc le don réel équivaut à 1,6%.
Avec un chiffre d’affaires en forte hausse de 7,8%, boosté par une année confinée au cours de laquelle ses magasins n’ont pas été contraints à la fermeture, on découvre ainsi que le groupe enregistre sa meilleure performance depuis 20 ans. Un chiffre d’affaires qui s’élève à plus de 78 milliards d’euros.
Le PDG avait par ailleurs annoncé, en 2018, un vaste plan de transformation qui a déjà atteint trois milliards d’euros d’économies. Il doit s’étendre jusqu’à 2023. Ce plan a déjà conduit à la suppression de 2 400 postes au siège du groupe sur 10 500 salariés via un plan de départs volontaires.
Cette action se déroule alors que le gouvernement prépare les esprits à une future cure d'austérité, se refusant obstinément d’envisager toute augmentation d’impôts pour les grands profiteurs de la crise : les plus fortunés et les grosses multinationales. Après le « quoi qu’il en coûte » d’Emmanuel Macron, il nous faudrait payer la facture. L’équation proposée par le gouvernement – réduire les déficits sans augmenter les impôts (ni revenir sur les cadeaux fiscaux octroyés aux plus riches) – ne peut être obtenue que par une baisse des dépenses publiques. Une telle politique serait une grave erreur. Cela impliquerait inévitablement un nouvel affaiblissement des services publics et du système de protection sociale, au moment où la crise du Covid-19 a montré d'une part les dégâts considérables causés par l’austérité budgétaire et d'autre part le renforcement des inégalités : nous avons toutes et tous en tête ces images et témoignages illustrant le manque de moyens dans les hôpitaux, les files d’attente d’aides alimentaires…
Par cette action, Attac interpelle le gouvernement et l'opinion publique : comment justifier de demander des efforts aux « premières et premiers de corvée », aux chômeurs·euses, aux retraités·es, alors que la fortune des milliardaires français a augmenté de 175 milliards d’euros de mars à décembre 2020 ? Comment justifier qu’on réduise les APL ou les allocations chômage, que le SMIC ne soit pas revalorisé, qu'on prévoie une réforme des retraites qui réduirait le niveau des pensions, quand, « en même temps », la fortune de Bernard Arnault a doublé entre mars 2020 et mars 2021, augmentant de 62 milliards d’euros ?
Il est inacceptable de demander à ceux et celles qui souffrent de la crise de se serrer encore la ceinture, tandis que les plus fortuné.e.s et les multinationales s’enrichissent.
Pour une taxe « profiteurs de la crise »
Attac demande que le gouvernement fasse payer ceux qui se sont enrichis pendant la crise, en mettant en place deux mesures d’urgence :
- une taxe sur le patrimoine des 1% les plus fortunés ;
- une taxe sur le bénéfice exceptionnel réalisé par les multinationales pendant la crise.
Ces recettes supplémentaires exigées en urgence sont un premier pas vers la mise en œuvre d’autres mesures de justice fiscale qu’Attac défend depuis des années : lutte contre l’évasion fiscale, rétablissement et rénovation de l’impôt sur la fortune, taxation des transactions financières… qui permettraient de financer les services publics (santé, éducation…) et l’indispensable transition écologique.