Retour sur la formation-action à la désobéissance civile
- Le 09/10/2021
- Dans Agir avec Attac
Nous nous sommes rendues à Paris, au siège d’ATTAC, le week-end du 2 et 3 octobre, à la formation nationale de l’association à la désobéissance civile. Cette formation prévoyait aussi de nous mettre en situation au travers d'une première action dans le cadre de la nouvelle campagne de « Prélèvement à la source des évadés fiscaux ». Nous étions une centaine venus de la France entière.
La formation a porté pendant les 2 matinées sur les sujets suivants :
- présentation de la campagne sur le fond : arguments sur la nécessité de la justice fiscale et les raisons pour lesquelles on s'attaque aux multinationales, les raisons d’un impôt mondial et d’une taxation unitaire des multinationales, des éléments sur les 4 cibles retenues pour leurs pratiques bien connues d'évasion fiscale (BNP Paribas, Total, Amazon, Mac Donald's),...
- formation à la préparation et au déroulement d'une action
- risques juridiques encourus
- mises en situation sur la manière de réagir en face de la police, des vigiles ou autres personnes présentes sur le lieu choisi
- communication et médias, avec mises en situation
- déclinaison de la campagne par les comités locaux dans les mois à venir, mise en commun d’idées pour des propositions d'actions
Le samedi après-midi a été consacré à une action imaginée par le Groupe action, et bien complexe à organiser car impliquant une centaine de personnes (membres du Groupe action, militants bénévoles de région parisienne et participants à la formation). Elle a consisté à « prélever à la source » 3 cibles (BNP Paribas, Mac Donald's, Total) en s'emparant dans un premier temps d'objets symboliques de ces cibles : une enseigne BNP Paribas devant une agence ; un drapeau/oriflamme Total dans une station essence ; un parasol, une table, des chaises en terrasse d'un Mac Donald's. Trois petites équipes ont simultanément prélevé et embarqué ces objets dans un camion, en laissant sur les lieux une affiche d'« avis de prélèvement » de la société et d'autres éléments de communication.
L'ensemble des participants à l'action se sont ensuite rassemblés devant un bâtiment de la Direction régionale des finances publiques d'Ile de France, sur un grand boulevard, un peu désert et bruyant. Et il s’est mis à pleuvoir ! La 4ème équipe, la plus nombreuse, y avait mis en scène le dépôt symbolique des objets prélevés, et préparé une animation. Des prises de paroles ont eu lieu : du porte parole d'Attac, du syndicat Solidaires Finances publiques, d’une personne de l’Éducation nationale, du Droit au Logement. Entre chaque prise de parole, un slogan était chanté et rythmé par une soixantaine de militant-e-s qui avaient répété la mise en scène et la « danse » auparavant.
Une myriade de photographes étaient présents.
Grâce à la préparation très minutieuse de chaque étape et des rôles de chacun, l’action s'est globalement bien déroulée, très rapidement et dans le calme pour deux des prélèvements. Dans la station Total (3ème prélèvement), les réactions vives, voire agressives du gérant et de deux automobilistes ont montré que l'attitude de désescalade est de règle mais un débordement est toujours possible.
L'impact dans les médias n'a pas été au rendez-vous, ce qui peut s'expliquer en partie par le fait que l'action s'est tenue un samedi (médias moins présents), pendant lequel plusieurs autres manifestations et rassemblements étaient prévus. Cette action avait de toute façon un objectif pédagogique, en vue de décliner cette campagne en régions dans les mois à venir.
Des enseignements et idées ont été évoqués pendant le bilan en fin de journée, par exemple :
- au lieu des « prélèvements », réaliser devant les lieux ciblés des « scènes de prélèvement fiscal » sur le modèle des scènes de crime (ceci pouvant permettre de s'attaquer aussi à des locker Amazon, devant lesquels on ne peut prélever aucun objet)
- utiliser des objets reproduits et portant l'identité des cibles, à la place de ceux qu'on pourrait prendre sur les lieux ciblés
- des actions simultanées sur une journée partout en France ou sur 5 journées consécutives (pour plus de souplesse) par exemple ont été discutées
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Les comités locaux sont invités à réfléchir à leur participation à cette campagne. L'idée d'un référent local dans chaque CL pour faire le lien avec l'équipe de campagne du siège a été évoquée.