1ère balade toxique de Bretagne

La première balade toxique de Bretagne aura lieu à Saint Malo, le 4 octobre 2015

 

Du 30 novembre au 11 décembre 2015 se déroulera à Paris la 21ème Conférence des Nations unies sur les changements climatiques à Paris (COP 21) dont l'objectif est la signature d' un nouvel accord international sur le climat.

Dans le but de sensibiliser la population malouine aux enjeux de cette conférence, nous avions évoqué, dans un article mis en ligne en février sur le site du Malotru, la possibilité d'organiser à Saint Malo non pas une traditionnelle conférence militante qui n'attire que les convaincu.e.s, mais une balade toxique, balade urbaine bien particulière qui ferait découvrir à tous ceux et toutes celles qui le souhaitent quelques lieux emblématiques des problèmes de pollution/dépollution dans notre ville.

Baltox

 

Ecoutez la présentation de la balade toxique sur Radio Parole de vie :

Petit rappel : balade toxique ou « Toxic tour », c’est le nom d’un phénomène protestataire né dans les années 90 aux États-Unis, dans des quartiers pauvres qui se réveillaient avec des décharges industrielles clandestines, des sous-sols pollués en douce aux métaux lourds et des maladies « exotiques » en pagaille. Aujourd’hui, le mouvement s’est répandu dans le monde entier, Brésil, Bolivie, Afrique du Sud, etc. A chaque fois, cela démarre avec la mobilisation d’habitants déterminés à mettre fin à un scandale écologique alors qu'ils constatent la passivité des pouvoirs publics et des médias locaux.

 

Chez nous, il n'y a pas à proprement parler de scandale écologique mais il existe de réels problèmes de pollution liés aux activités industrielles.

En témoigne la mobilisation de riverains du site de l'ancienne usine à gaz, boulevard Aristide Briand en juin 2014, pour connaître l'origine de l'intoxication dont ils sont nombreux à avoir été victimes, au moment de la dépollution du site.

En témoigne aussi un article de 2 pages, tiré du cahier central de L'EXPRESS daté du 1er juillet 2015 et consacré au groupe Roullier, intitulé « Un poids lourd de 3 milliards et … des poussières » faisant état, de manière bien documentée, tant des problèmes de pollution provoqués en particulier par le déchargement à l'air libre de matières polluantes entrant dans la fabrication des fertilisants agricoles (potasse, azote, phosphate, sodium, …), que des inquiétudes, exprimées de manière régulière depuis 1966 (!), par les malouin.e.s sur les conséquences réelles de ces émissions sur leur santé.

 

D'autant que des rapports récents alertent sur les conséquences très graves de la pollution de l'air sur la santé. Qu'il s'agisse de celui de l'OMS, montrant que la pollution de l'air est la première cause de morbidité d'origine environnementale. Ou de celui publié le 15 juillet par une commission d’enquête du Sénat « Pollution de l'air : le coût de l'inaction », qui évalue à 100 milliards d'€ le coût de la pollution de l'air en France (dépenses sanitaires, décès prématurés, pertes de production, impacts sur l'eau, les sols et la biodiversité) et montre que la pollution la plus dangereuse n’est pas celle dont on est conscient lors des « pics », mais celle de fond que l’on inhale quotidiennement. D'ailleurs, alors même qu'elle accueille la conférence climatique, la France fait figure de mauvais élève en matière de lutte contre la pollution de l’air. En effet, elle va probablement devoir verser des pénalités à l'Union européenne pour non-respect des valeurs limites concernant les particules fines, en infraction avec la directive européenne « concernant la qualité de l’air ambiant et un air pur pour l’Europe ».

 

Et en Bretagne ? Les bretons ne bénéficient-ils pas d'un air d'une qualité exceptionnelle ? Dans notre premier article sur la balade toxique nous citions Frédéric Vénien, président d'Airbreizh l'association qui surveille, depuis 1996, la qualité de l'air dans la région. Celui-ci déclarait dans le Télégramme du 5 novembre 2014 :

«Globalement, la qualité de l'air en Bretagne est moyenne. Penser que l'on vient prendre un bon bol d'air dans notre région est une idée fausse. La pollution existe... Elle est là, même si la pluie et le vent balaient et nettoient plus souvent l'atmosphère qu'ailleurs... Le fond de pollution est essentiellement lié à l'activité humaine : chauffage et circulation automobile (voitures, camions, tracteurs...)... La spécialisation des exploitations agricoles de la région joue aussi un rôle important. En effet, des études font apparaître que la Bretagne connaît les plus fortes retombées d'azote de France, en raison de la présence de nombreux élevages intensifs hors-sol (porcins, volailles, bovins). Ces élevages dégagent du gaz ammoniac responsable des retombées d'azote sous forme de particules fines, à l'origine de pathologies respiratoires. Ce gaz est par ailleurs un gaz indirect à effet de serre, dont la contribution  au réchauffement climatique n'est pas négligeable.

 

Il a alors semblé justifié au collectif de citoyen(ne)s motivés par le projet, d'organiser une balade toxique pour une population connue pour être très sensibilisée aux problématiques environnementales . Cette mobilisation originale peut permettre d'atteindre plusieurs objectifs : 1) informer sur la réalité de la pollution d'origine industrielle de l'air et des sols, à Saint Malo, 2) discuter des solutions à apporter : exiger des modes de déchargement des matières qui arrivent au port (azote, potasse, ...) permettant d'éviter la pollution de l'air et de l'eau du port, exiger que toutes les informations soient fournies aux riverains pouvant être exposés aux pollutions et enfin exiger une nouvelle étude sur la pollution de l'air à St Malo, qui préciserait en particulier les taux en ammonium et en nitrates des particules fines.

 Il s'agit, d'une manière plus globale, de sensibiliser le plus largement possible celles et ceux qui nous entourent aux enjeux de la prochaine conférence climatique, en leur permettant de faire le lien entre leur quotidien d'habitants affectés aujourd'hui par les problèmes de pollution, de santé, ... et la question, très abstraite, du réchauffement climatique à l'horizon 2100.

 

L'organisation elle-même s'est faite en respectant le mode d'emploi défini par le collectif « toxic tour detox 93 », organisateur, depuis août 2014, de 7 ou 8 balades en Seine Saint Denis, ce département le plus pollué de France qui accueillera la conférence climatique en fin d'année.

Le choix du parcours de la balade s'est fait rapidement, étant donné le temps imparti (2 heures) et le mode de déplacement choisi (à pied). Nous partirons de la Timac Agro sur le port (pollution de l'air) pour rejoindre le chantier du futur tribunal (pollution de l'air et des sols). La balade se terminera à 16h par un goûter sur la plage du Sillon face à l’hôtel Le Nouveau Monde (dépollution aboutie d'un site industriel).

 

Pour nous accompagner dans cette déambulation et répondre aux questions que nous nous posons autant sur les pollutions à Saint-Malo que sur leurs conséquences sur la santé, nous avons sollicité des personnes spécialisées dans ces domaines ou ayant construit collectivement leurs savoirs à l'occasion de luttes sur le terrain. Seront ainsi présent(e)s des représentants des riverains du chantier du futur tribunal, la responsable d'Airbreizh Magali Corron, et Jean-Philippe Deleume, membre au titre de l'association « Eau et Rivières de Bretagne », du PRSE, Programme Régional Santé Environnement, dédié à la santé environnementale.

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