Dans le rétroviseur (2) : dame de pique et dame de coeur
- Le 18/07/2015
- Dans Local
Cette rubrique a désormais pris son rythme de croisière au sein du Malotru. Quelques thèmes d’actualité y sont apparus dont on s’aperçoit au fil des mois qu’ils s’inscrivent dans la durée : L’Affaire Condor, le paradis fiscal de Jersey, les condamnations de champions industriels locaux pour ententes économiques sur le dos des consommateurs, l’engouement de certains patrons de la région pour de nouvelles « techniques de gestion des ressources humaines », le développement du « globish » dans notre environnement urbain et, même, chez certains politiciens du cru... Nous reviendrons donc sur ces thèmes enrichis par les apports d’amis lecteurs que nous remercions ici pour leurs précieuses contributions. D’autres sujets s’ajoutent et s’ajouteront, bien sûr, aux précédents.
L’actualité d’outre-Rance, par exemple, est du nombre...
Nous avions tenté de vous épargner les miasmes du chaudron municipal dinardais. La guérilla permanente entre l’ancienne équipe, celle de Sylvie Mallet, et la nouvelle, menée par Martine Craveia-Schütz, fait les choux gras des échotiers locaux depuis des mois, mais Le Malotru, amateur de « glocal » y fait plutôt... chou blanc. Cependant vient un moment où trop, c’est trop..
Dame de pique et dame de cœur, le feuilleton dinardais
Chacune des deux divas tente de se donner le beau rôle, entre dame de pique et dame de cœur. Chacune y va de ses effets et fait donner ses troupes lors d’affrontements publics, conseils municipaux, réunions etc. Suspensions de séance, salves d’applaudissements sur commande, votes à bulletin secret, broncas, rappels à l’ordre, menaces d’évacuation de la salle font désormais partie d’un rituel bien rôdé. Pour certains observateurs, après la gifle des élections, la « clique à Mallet », l’ex devenue challenger, devient la « claque de Mallet » ; la championne en titre n’est pas en reste et Le Pays Malouin compte les points : « Malgré une météo propice aux plaisirs de la plage, la Salle du COSEC était emplie jeudi dernier : Près de 500 personnes, majoritairement des partisans du Maire... » ( (Le Pays Malouin, 2/7/15). Bref, une belle vitalité démocratique, en apparence... Il n’est pas question ici d’émettre des jugements politiques à l’emporte-pièce ou de trancher entre une équipe et l’autre. La société du spectacle offre ici l’affligeant spectacle d’une bien pathétique communauté.
On aurait pu évoquer la démission d’un adjoint pour raison de santé, l’enquête judiciaire de la Brigade financière concernant un autre, le retrait de délégation d’une autre, une démission, encore, pour raison de santé, le renvoi d’un Directeur de Cabinet... Bref, une première année bien remplie et de vrais « coups durs » pour la nouvelle équipe.
Le Malotru, observateur détaché, a préféré choisir un seul moment, plus particulièrement significatif, de ces mois agités : L’épisode du fameux D.G.S (Directeur Général des Services) devenu, par force de loi, et non du fait du prince, « collaborateur de cabinet ». Au-delà de l’anecdote, ce moment représente une belle occasion d’inviter nos élus à plus de clarté langagière et politique
Pour rappel, la Maire souhaitait recruter un nouveau D.G.S et avait choisi Thomas Even, contractuel venu des Yvelines, parmi plusieurs dizaines de candidats. Or les emplois permanents des Collectivités Territoriales ne peuvent être légalement occupés que par des fonctionnaires titulaires issus de concours spécifiques. La création d’un emploi fonctionnel étant soumise à contrôle de légalité par la Préfecture, représentant l’intérêt public, une telle décision ne pouvait qu’engendrer un rappel à la Loi par l’autorité de tutelle. Le Syndicat des secrétaires généraux et directeurs généraux des collectivités territoriales ne pouvait pas, non plus, rester inactif face à une entorse évidente à la légalité républicaine. Naturellement, ces deux instances, souvent en désaccord, firent entendre leurs voix. Patrick Strzoda, préfet d’Ille-et-Vilaine, eut tôt fait de rappeler le caractère illégal d’un tel recrutement, ce qui conduisit la Maire de Dinard à le redéfinir comme celui d’un simple « collaborateur de cabinet du Maire », puis, plus tard, de « Directeur de Cabinet ». Elle y ajouta la création d’un poste de « Directeur- Général- Adjoint des services », en l’absence d’un poste de Directeur Général des Services, Thomas Even n’ayant légalement aucune autorité sur lui ni sur les agents de la collectivité, et ne disposant pas de délégation de signature ni de pouvoir hiérarchique sur les agents de la collectivité! Bref, Clochemerle- sur- Rance réécrit par Kafka .
Revenant à plusieurs reprises sur cet épisode et sur ce démenti cinglant imposé par l’autorité préfectorale à son choix inique et illégal , en dépit des nombreux avertissements et des réserves juridiques de la Préfecture et du syndicat concerné, Mme Martine Cravéia-Schütz n’a jamais exprimé le moindre regret ou reconnu une grave erreur de jugement et de simple méconnaissance juridique de base en tant que première magistrate de la cité dinardaise.
Au contraire, contre toute évidence, elle a persisté à répéter que ce recrutement était légal et que cette « posture des services de l’état était inédite et surprenante » (Ouest-France 2/6/15). Alors qu’elle s’est vue contrainte de renoncer à son propre arbitraire par un rappel à la Loi, elle ne cesse de se donner le beau rôle auprès des électeurs : « Dans un souci d’apaisement, j’ai décidé d’annuler ce recrutement sur l’emploi de DGS »... Elle utilisera cette formule de l’apaisement délibéré à plusieurs reprises, notamment dans les colonnes du Pays Malouin (4/6/15), comme si elle était restée maîtresse d’un jeu dont elle ferait fi des contraintes légales. Un peu plus tard, encore marquée par un ressentiment durable, elle parlera de « l’injonction du préfet » (Le Pays Malouin 25/6/15). Autant d’impudeur et une telle posture de déni étonnent à ce niveau de responsabilité. La nomination de Jérôme Libiot comme collaborateur « chargé de la prévention des risques psychosociaux (sic) et de la communication » suffira-t-elle à calmer le jeu et à aider la Maire à trouver les mots justes ? On aimerait le croire. Ce médecin qui a été directeur de la communication du groupe pharmaceutique Servier (mais « pas pendant l’épisode Médiator », précise-t-il) retrouve curieusement à Dinard Thomas Even qui fut pendant neuf ans D.G.S à Croissy-sur-Seine, principal centre de recherche...des Laboratoires Servier. Certes, la santé de la Ville de Dinard n’a pas de prix, mais elle a déjà un certain coût... Affaire(s) à suivre ?