La Briantais, un séparatisme local ?
- Le 19/11/2020
- Dans Local
L'analphabétisme, voilà l'ennemi…
« L'Empire contre-attaque ». C'est par ces mots que se termine l'article - non signé - que le Pays Malouin, dans son édition du 12 novembre, consacre aux « réactions plutôt négatives » suscitées par l'O.P.A. de Roland Beaumanoir sur le Domaine de la Briantais.
L'Empire contre Attac, ont cru lire certain(e)s, en filigrane !
Propos de séparatistes
« Il y a dans cette société une majorité de femmes, pour beaucoup illettrées… »
Emmanuel Macron, alors Ministre de l’Économie de François Hollande, à propos des employés licenciés des abattoirs de Gad, le 17 septembre 2014 sur l'antenne d' Europe 1.
« Nous avons insuffisamment expliqué ce que nous faisons. Et une 2e erreur a été faite : le fait d'avoir probablement été trop intelligents, trop subtils, trop techniques »
Gilles Le Gendre (il venait d'être désigné comme président du groupe La République en Marche (LREM) à l'Assemblée Nationale. Decembre 2018.
« Quant aux réseaux sociaux auxquels vous-mêmes (=Le Pays Malouin), Ouest-France, Le Télégramme, vous vous référez et que j'appelle « poubelle digitale », je mesure le niveau d'analphabétisme et de haine de leurs réactions »
Roland Beaumanoir, cité par Le Pays Malouin 12 novembre 2020.
L'Empire contre-attaque
« L'Empire contre-attaque ». C'est par ces mots que se termine l'article - non signé - que le Pays Malouin, dans son édition du 12 novembre, consacre aux « réactions plutôt négatives » suscitées par l'O.P.A. de Roland Beaumanoir sur le Domaine de la Briantais.
L'Empire contre Attac, ont cru lire certain(e)s, en filigrane ! C'est nous faire grand honneur, mais très exagéré ; néanmoins il est exact que l'homme a été touché par certains propos, notamment, c'est exact, ceux d'Attac : « En aucun cas, je n'imaginais avoir la moindre adhésion, ni même l'écoute du " Conseil d'En-Face ", du comité local " Attac ", ou de " l'Union citoyenne du Pays de Saint-Malo". »
Voir notre précédent article : La Chanson de Roland : OPA pour OPULENTS…
Certes, il est clair que nous n'avons pas soutenu sa démarche, c'est un euphémisme, mais au moins ne peut-il reprocher au Malotru de n'avoir pas « écouté », et prêté une attention extrême à ses propos. Nous avons pris soin de « décortiquer », ligne à ligne, chacun d'entre eux à la lumière d'une enquête dont beaucoup ont apprécié le caractère documenté. La mauvaise foi et le caractère brutal de sa réponse au Pays Malouin sont dans le droit fil de ses interventions précédentes.
Citer Georges Clémenceau (1), comme le fait R. Beaumanoir en conclusion de sa réponse, ne lui sera d'aucun secours pour se faire absoudre. Quiconque s'intéresse à l'illustre Vendéen y verra même une évidente trahison. Certain(e)s malouin(e)s trouveront peut-être plus pertinente cette autre saillie du même Clémenceau (à propos d'Aristide Briand) : Il est capable de mentir même quand c’est inutile…
Mais n'accablons pas davantage un homme dont l'évidente amertume est à hauteur de sa déception, conscient sans doute que son rêve a déjà pris un sérieux coup dans l'aile. Gilles Lurton a, en effet,donné l'assurance que « la Briantais sera redonnée aux Malouins. » (2)…
Mais lisons-le encore, et encore, au-delà de cette déclaration tonitruante…
Roland Beaumanoir dans le texte
On gagne toujours à découvrir, en effet, ce que pensent , écrivent, et disent - notamment entre eux - nos élites, souvent auto-proclamées, mais aussi nos « décideurs », nos industriels, et pas seulement nos élus…
Peu connu du grand public, le Journal des Entreprises a publié en mai 2014 un entretien avec Roland Beaumanoir (3), qu'il présentait en ces termes : « Autodidacte, il a créé un empire de la mode avec ses marques Cache-Cache, Morgan, Bréal, La City, Bonobo et Scottage. Roland Beaumanoir dénonce une société d'assistanat et défend la mondialisation. »
Certes, l'entretien date de 2014, mais il ne semble guère avoir perdu de sa pertinence. A la lumière de l'actualité récente, Le Malotru se permet seulement de reproduire certains passages dont on peut penser qu'ils ne les liront pas dans leur quotidien ou leur hebdomadaire habituel. Le Malotru a choisi ici les passages qui nous ont paru les plus emblématiques du vrai néo-libéral décomplexé qu'il assume pleinement être. Nos lectrices et nos lecteurs apprécieront peut-être de mieux connaître celui qui, sans vergogne, s'est déclaré prêt à se payer une bonne part de ce joyau du patrimoine public, la Briantais.
« Dans ce pays, les fonctionnaires décident… Nous payons à coût de dettes toutes les mesures sociales de nos gouvernants. Leurs croyances s’inscrivent dans une démarche de charité qui tient à une culture bolcho-chrétienne. (4)
(…) Sortons de ce monde de charité et remettons les gens au travail.
(…) Le monde entier plébiscite Airbus, mais est prêt à céder aux quelques terroristes qui, au mépris de toute volonté démocratique exprimée depuis 50 ans, refusent l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
(…) Comment dire que l'on va réduire les dépenses de santé d'un côté et que, de l'autre, on va mieux rembourser les frais dentaires ou d'optique, embaucher X fonctionnaires de toutes natures... Il faut arrêter les contradictions. Nos dépenses sociales sont problématiques. Là encore, nous sommes dans une démarche de charité. »
Rolando Furioso, ma non troppo…
Queensland figaro, 28 July 1888
La « brutalisation du monde », écrivait Le Malotru, dans un article précédent sur cette même affaire, n'est pas nécessairement là où médias et « décideurs » l'indiquent à nos opinions.
Récemment, dans le contexte local, en septembre 2019, Roland Beaumanoir avait fait connaître avec force son soutien au projet « Raulic » des Nielles. Ce projet était cher, également, à la précédente équipe municipale qui signa, on le sait, le permis du projet de complexe hôtelier quatre jours avant… le premier tour des élections municipales qui fut si calamiteux pour cette équipe. La plaidoirie développée, à cette occasion, par le PDG du Groupe Beaumanoir en faveur de l'emploi aurait pu, après tout, rester audible dans le cadre d'un vrai débat où arguments, expertises et contre-expertises font partie de la délibération démocratique.
Sans doute est-ce trop demander à celui qui se targuait naguère d'être « un ancien soixante-huitard » . Visiblement il adore « cogner », certains diraient même « humilier », et il ne s'en prive pas. Qu'on en juge :
« Toutes les semaines, je lis, ici et là, la création d’une association, d’un mouvement destiné à lutter contre tel ou tel projet. J’y vois majoritairement des gens âgés, en mal d’existence… Où est le temps où nos têtes grises et blanches militaient aux Restos du cœur, à la Banque alimentaire, à la création d’un club sportif. Rassurons-nous il en reste ! »(5).
Qu'il se rassure, en effet. Et qu'on se rassure. Le Malotru n'ira pas plus loin dans la lecture de ses oeuvres complètes. Mais, avec beaucoup d'autres citoyens, il s'interroge : « Pourquoi tant de haine, tant d'arrogance, pourquoi vouloir disqualifier à tout prix celles et ceux qui, tout simplement, disent non au promoteur d'un projet qui les déposséderait d'un bien commun auxquels ils et elles sont sincèrement attachés ?
Usage anonyme
Notes :
1- La citation est la suivante : « Ne craignez pas de vous faire des ennemis, si vous n'en avez pas, c'est que vous n'avez rien fait ».
2- Source : Le Télégramme, 20 octobre 2020. Roland Beaumanoir veut faire un centre d’art à la Briantais.
3- Le Journal des Entreprises, Edition Loire-Atlantique - Vendée 44, 09/05/2014. Point de Vue. Roland Beaumanoir. « Sortons de ce monde de charité et remettons les gens au travail ».
4- On appréciera rétrospectivement ce jugement à la lumière de cette déclaration plus récente (Ouest-France 21/09/20), suite au rachat de La Halle par le Groupe Beaumanoir, et à l'impact de la crise pandémique sur le secteur textile-habillement: "Heureusement, nous avons obtenu un P.G.E ( Prêt garanti par l'Etat) pour le Groupe Beaumanoir, mais également pour la société qui gère La Halle"…
Le Monde (08/07/2020) offrait ces précisions sur ce coup de pouce bienvenu: "Le groupe a obtenu le soutien du gouvernement, notamment par le biais de l’obtention d’un prêt garanti par l’Etat. D’un montant de 41 millions d’euros". Merci qui ?
5- Source : Ouest-France,06/09/2019. Saint-Malo. Roland Beaumanoir défend le projet des Nielles. (Réservé aux abonné)