"Route du Rhum". La coordination Le Monde d’Après interroge la ville sur sa politique évènementielle

  • Le 20/11/2022
  • Dans Local

Alors que la Course du Rhum battait son plein à grand renfort d'articles souvent dithyrambiques sur l'évènement qui mettait Saint-Malo sous les feux de l'actualité, quelques voix discordantes, y compris dans le milieu de la voile se faisaient entendre pour interroger le sens de cette manifestation et l'impact réel sur la vie des populations tant des résident.e.s que des gens de passage.

Course du rhumPrenant acte de cette course éperdue vers un gigantisme à la limite du contrôlable, la coordination a souhaité interroger la ville sur les principes qui conduisent sa politique, la balance coûts/bénéfices et l'image produite par une évolution où les activités commerciales éclipsent bien souvent le côté culturel quand elles n'occultent pas le caractère convivial et populaire qui a présidé à création de ces évènements. Le communiqué envoyé par la coordination "Le Monde d'après" au journal Ouest France n'est jamais paru. Merci au Pays Malouin de l'avoir publié en temps et en heure.

Le voici ci-dessous.

 

Les membres de la coordination Le Monde d'Après du Pays de Saint Malo (LMDA) aiment la mer, ses ressources et ses plaisirs. Depuis qu'existe la course de la Route du Rhum, ils s'intéressent, comme de nombreux malouins et malouines, aux différents aspects de cet événement tant au plan sportif que festif, du moins pour ce qui reste de la fête populaire dans l’enceinte de plus en plus commerciale du village de la course, sur les quais du port de Saint-Malo.

Ils s'interrogent sur les coûts publics de l'évènement…

Plus de 3 millions d’€, voilà ce que coûte aux finances publiques cet évènement devenu une gigantesque foire commerciale : 2,5 M d'€ inscrits au budget primitif de la ville (hors la valorisation des prestations des services techniques), 165 000 € pour l'agglomération et  846 000 € pour la Région si l'on valorise la mise à disposition de la zone portuaire. Ceci sans parler de l’apport gratuit de plus de 400 « bénévoles » qui remplacent - parfois à la limite du travail dissimulé - autant d’agents affectés à la sécurité et à divers services qu'il faudrait recruter et salarier. Que dire enfin des surcoûts pour la collectivité de l'adaptation de la collecte et du traitement des ordures ainsi que l'ajustement des transports publics ?

…et sur ses impacts sociaux, écologiques, économiques, culturels ?

Le bilan des impacts de cet évènement sur le territoire et sur la vie de ses habitants est-il à la hauteur de la contribution financière de la collectivité ?

  • - Quel impact sur le développement de la pratique des sports nautiques notamment pour la jeunesse et les classes populaires ? Sur le lien social et la convivialité entre les habitants des différents quartiers de la ville ? Sur le développement culturel du territoire et de ses habitants autour de la mer, du littoral et de ses activités ?
  • - Sur ce plan du lien social et du brassage culturel comment ce temps de réactivation des relations avec la Guadeloupe permet-il d'exprimer l'apport des cultures afro-caribéennes (au-delà de la célébration folklorique autour du Rhum) et d'exercer le devoir de mémoire envers des populations qui ont subi la traite négrière et l'exploitation des planteurs de canne à sucre ? Au moment où le projet du "Musée d'histoire maritime" patine, un jumelage avec le Mémorial ACT de Pointe à Pitre pourrait se nouer.
  • - Quel impact au plan écologique et environnemental : empreinte carbone directe et indirecte de l’événement, gestion des ressources en eau et énergies, traitement des déchets, risque de perturbations des biotopes ?
  • - Quelle pression sur le système de santé déjà très affaibli par les politiques hospitalières et la pandémie ? Et plus largement sur l’organisation permanente et durable des services publics ?
  • - Quelles retombées réelles sur l’économie de Saint-Malo et du Pays Malouin ? Au profit de qui ?  Selon les secteurs d’activités, les types d’entreprises, les différentes catégories de travailleurs et plus généralement les populations de Saint-Malo et de l'agglomération ?

Ces questions, les membres de la Coordination Le Monde D'Après se les posent car elles sont politiques et engagent les choix stratégiques de la ville. Etils constatent la faiblesse des informations qualitatives et quantitatives qui permettraient d'y répondre réellement.

Ils invitent les citoyens et citoyennes du territoire à s’en emparer en participant à leurs travaux et actions tout au long de l’année.

Contact : construisonslapres@gmail.com

Communiqué